
Sexisme, racisme et élitisme dans le livre “L’amant” de Marguerite Duras
Table Ronde
Valentina : Bonjour à tous et à toutes et bienvenus à la présentation de notre table ronde du livre “L'amant” de Marguerite Duras. Aujourd’hui nous discuterons à propos des trois thématiques présentes dans le livre : Le sexisme, L'élitisme et le racisme.
L'objectif de cette table ronde est d’identifier et d’analyser de différents moments dans cette œuvre où le sexisme, l'élitisme ou le racisme sont présents, à la fois dans les actions des personnages et dans leurs discours. De cette manière, premièrement, on va faire une courte description du livre et de notre thème et ensuite on va discuter sur des représentations de ces thématiques dans le livre et finalement on va donner notre opinion.
Également, notre table ronde a des règles pour maintenir de l’ordre : Premièrement, les participants doivent respecter les autres pour que l'on puisse avoir une bonne communication et comprendre mieux aux collègues et deuxièmement, chaque participant aura deux interventions de maximum 3 minutes, pour partager ses pensées et expliquer sur des exemples tirés du livre à propos d’une thématique sélectionnée.
Maintenant, je vous présente nos participants :
Sebastián Oviedo, Maria Alejandra Echavarría, Ana Maria Alvarez, Laura Camila García, Liset Yurany Chavarria, et moi-même Valentina Osorio. Je serai votre modératrice.
Avant de commencer cette table ronde, rappelons-nous que “L’amant” est un roman écrit par Marguerite Duras en 1984. Elle raconte l'histoire d'une jeune fille blanche qui vit dans l’Indochine coloniale avec sa mère et ses deux frères. Notre protagoniste, à l'âge de quinze ans et demi, elle a connu un millionnaire chinois, qui est plus âgé qu'elle, et en contradiction des règles de la société à ce moment-là, il est devenu son amant, avec qui la protagoniste (qui est une jeune Marguerite) a décidé d'explorer sa sexualité. De cette manière, la jeune fille et l’homme chinois ont commencé une romance passionnante et prohibée pour les règles sociales, racistes et élitistes de la société de cette époque.
Alors, pour commencer notre table ronde, je vais vous présenter une petite définition sur le sexisme, notre première thématique, et après, nos collègues Sebastian et Ana Maria partageront avec vous les exemples du livre “L’amant” et ils vont donner leur explication.
SEXISME : “Le sexisme est une attitude discriminatoire fondée sur le sexe ou le genre d'une personne. Le sexisme est aussi lié aux préjugés et au concept de stéréotype et de rôle de genre et pouvant comprendre la croyance qu'un sexe ou qu'un genre serait intrinsèquement supérieur à l'autre” (John Witt, SOC, 2018)
Maintenant, j’invite notre collègue Sebastian Oviedo pour commencer l’explication du sexisme sur le livre “L'amant” de Marguerite Duras. Bonjour Sebastian,
Le sexisme dans le livre “L’amant” de Marguerite Duras
Image prise de : https://bit.ly/3t5dE9V
“J'ai déjà l'habitude qu'on me regarde. On regarde les blanches aux colonies, et les petites filles blanches de douze ans aussi. Depuis trois ans, les blancs aussi me regardent dans les rues et les amis de ma mère me demandent gentiment de venir goûter chez eux à l'heure où leurs femmes jouent au tennis au Club Sportif.” (Pg. 25)
Sebastian Oviedo : Dans cette première phrase que j'ai choisie je pense que c'est un peu sous-entendu mais en même temps on voit bien ce que les hommes avaient l'intention de proposer à Marguerite pendant qu’elle était au club sportif. Il y a une intention sexuelle derrière ces propositions. Il y a un rapport de force très fort sur les femmes car ces hommes pensent que malgré leur mariage, ils peuvent s'insinuer de cette façon.
“Le proviseur lui dit votre fille, madame, est première en français. Ma mère ne dit rien, rien, pas contente parce que ce n’est pas ses fils qui sont les premiers en français, la saleté, ma mère, mon amour, elle demande et en mathématiques ? On dit ce n'est pas encore ça, mais ça viendra. Ma mère demande ça viendra quand ? On répond quand elle le voudra, madame.” (Pg. 31)
Sebastian Oviedo : Marguerite n'était pas la fille préférée de sa mère. Se démarquer dans certaines choses n'était pas une source de fierté pour elle, bien au contraire, elle cherchait des "points faibles" chez sa fille Marguerite pour discréditer ses réalisations. Par exemple, elle demande comment elle avait fait en mathématique sans même mentionner quoi que ce soit sur le français. Je pense que c'est sexiste parce que Marguerite elle-même mentionne que si cela avait été un exploit de ses frères, sa mère aurait été heureuse.
Valentina : Merci Sébastian de votre explication, maintenant, J’invite Maria Alejandra, Nous vous écoutons Maria, Bonjour.
Maria Alejandra : Pour continuer avec le sexisme, j'apporterai ces citations.
“Comment expliquer cet achat ? Aucune femme, aucune jeune fille ne porte de feutre d'homme dans cette colonie à cette époque-là. Aucune femme indigène non plus (...) je me suis regardée dans le miroir du marchand et que j'ai vu sous le chapeau d'homme, la minceur ingrate de la forme, ce défaut de l'enfance, est devenue autre chose. Elle a cessé d'être une donnée brutale, fatale, de la nature. Elle est devenue, tout à l'opposé, un choix contrariant de celle-ci, un choix de l'esprit”. (Pg. 19 - 20)
Maria Alejandra : Cette citation parle de deux sujets. La première chose est que le stéréotype de la femme va de pair avec l'instruction des vêtements appropriés. Alors, cette action de sélectionner un vêtement caractéristique des hommes est plutôt un signe de rébellion. La deuxième chose est le fait qu'elle a reconnu que sa décision est personnelle, au-delà des stéréotypes. Chaque personne est responsable de décider ses propres conditions, ses propres “instructions".
"Je dis que je pense à ma mère, qu'elle me tuera si elle apprend la vérité. Je vois qu'il fait un effort et puis il le dit, il dit qu'il comprend ce que veut dire ma mère, il dit ce déshonneur" (Pg.56)
Maria Alejandra : Je pense que cette citation est petite mais les choses qu'elle implique sont très importantes. Même de nos jours, la virginité est un sujet tabou dans les familles, dans les foyers, profondément enracinée dans ce qui devrait être un comportement féminin. Bien que nous ne soyons plus "forcées" de rester vierges jusqu'au mariage, cette citation est un exemple de la façon dont la protagoniste a pensé à ce que cela pourrait représenter pour elle, à ce moment-là, si la vérité sur son amant était connue. Situation qui, au contraire, ne semble pas bouleverser son amant bien qu'il soit fiancé. Le fait que les femmes n'aient pas la chance de profiter de sa sexualité est une preuve de la différenciation de genre qui bénéficie les hommes ou autrement dit, c’est une claire preuve de sexisme.
Valentina : Je te remercie Maria Alejandra et aussi Sebastian, de vos explications à propos du sexisme dans le livre, maintenant, notre deuxième thématique est l'élitisme.
L'ÉLITISME : “c'est une idéologie qui soutient l'accession au pouvoir ou aux postes de responsabilité des personnes jugées comme « les meilleures » ou « supérieures » aux autres. Aussi cette la tendance à favoriser la formation d'une élite ou à conforter le pouvoir des élites en place.” (lalanguefrancaise.com)
Et pour partager ses pensées et l’explication sur l'élitisme dans le livre “l’amant”, nous écouterons notre collègue, Ana Maria. Bonjour Ana et bienvenue.
L’élitisme dans le livre “L’amant” de Marguerite Duras
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Anamaria : Bonjour à tous. Premièrement, je mentionnerai quelques citations du livre pour expliquer pourquoi elles sont liées à l'élitisme. Dans le livre, Marguerite nous laisse voir que sa situation économique n'était pas luxueuse mais plutôt une situation supportable au milieu d'une économie tendue et de la rareté car sa mère portait seule la charge familiale. Marguerite nous raconte que ses vêtements ont été confectionnés à partir des vieilles robes de sa mère et nous parle de son alimentation. Sa situation était à l'opposé de celle de son amant chinois puisqu'il était millionnaire.
“Les enfants-vieillards de la faim endémique, oui, mais nous, non, nous n'avions pas faim, nous étions des enfants blancs , nous avions honte, nous vendions nos meubles, mais nous n'avions pas faim, nous avions un boy et nous mangions, parfois, il est vrai, des saloperies, des échassiers, des petits caïmans, mais ces saloperies étaient cuites par un boy et servies par lui et parfois aussi nous les refusons, nous nous permettions ce luxe de ne pas vouloir manger.” (Pg. 13)
"Pendant longtemps, je n'ai pas eu de robes à moi. Mes robes sont une sorte de sac, elles sont faites avec les vieilles robes de ma mère qui sont elles-mêmes une sorte de sac.” (Pg.29)
Anamaria : Selon ces citations des pages quarante-cinq et cent une, le père de l'amant millionnaire chinois préférait le voir mort plutôt que formellement lié à une femme de classe sociale inférieure à eux, sans se soucier du vrai bonheur que son fils pourrait trouver. Au contraire, il voulait arranger un mariage de convenance avec une autre femme de ses préférences sociales et raciales :
“Sa mère était morte, il était enfant unique. Seul lui restait le père détenteur de l'argent. Mais vous savez ce que c'est, il est rivé à sa pipe d'opium face au fleuve depuis dix ans, il gère sa fortune depuis son lit de camp. Il refusera le mariage de son fils avec la petite prostituée blanche du poste de Sadec.” (Pg. 45)
“Le père continuerait à vivre. Son dernier espoir s'évanouissait. Il l'avait demandé. Je l'avais supplié de le laisser me tenir avec lui contre son corps, je lui avais dit qu'il devait le comprendre, que lui aussi devait avoir éprouvé au moins une telle passion au cours de sa longue vie, qu'il lui était impossible pour qu'il en fût autrement, il l'avait supplié de lui permettre de vivre, à son tour, une fois, une pareille passion, (...) Le père avait répété qu'il préférait le voir mort.” (Pg. 101-102)
Anamaria : Selon moi, l'élitisme a toujours été injuste car l'idéal serait de rechercher le plus grand bien pour tous et de ne pas s'enfermer dans l'égoïsme au détriment de la souffrance des autres. Rappelons-nous que l'élitisme est un système qui favorise un groupe restreint et minoritaire de personnes que l'on appelle l'élite. Ils jouissent de plus grands privilèges par rapport à leur classe sociale. Dans le livre, élitisme et racisme vont de pair et parviennent finalement à séparer les amants sous des idées qui n'ont pas de sens pour eux et qui n'ont pour but que de plaire aux autres à cause de "ce qu'ils diront".
“Ils n'en parlent plus jamais. C'est une chose entendue qu'il ne tentera plus rien auprès de son père pour l'épouser. Que le père n'aura aucune pitié pour son fils. Il n'en a pour personne. De tous les émigrés chinois qui tiennent le commerce du poste entre leurs mains, celui des terrasses bleues est le plus terrible, le plus riche, celui dont les biens s'étendent le plus loin au-delà de Sadec, jusqu'à Cholen, la capitale chinoise de l'Indochine française. L'homme de Cholen sait que la décision de son père et celle de l'enfant sont les mêmes et qu'elles sont sans appel. À un moindre degré, il commence à entendre que le départ qui le séparera d'elle est la chance de leur histoire. Que celle-ci n'est pas de la sorte qu'il faut pour être mariée, qu'elle se sauverait de tout mariage, qu'il faudra l'abandonner, l'oublier, la redonner aux blancs, à ses frères.” (Pg. 119)
Valentina : Merci beaucoup Anamaria de votre contribution à propos de cette thématique. Alors, pour notre troisième discussion sur le racisme, rappelons-nous que :
LE RACISME : “est une idéologie fondée sur la croyance de l'existence de races au sein de l'espèce humaine. Quelques comportements inspirés par cette idéologie, considèrent que certaines catégories de personnes sont intrinsèquement supérieures à d'autres, enfin que cette supériorité autorise une hégémonie politique et historique.” (Albert Memmi)
Maintenant, nos collègues Liset Chavarria et Camila Garcia nous parlerons du racisme. Bonjour Liset, nous vous écoutons :
Le racisme dans le livre “L’amant” de Marguerite Duras
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“L'homme élégant est descendu de la limousine, il fume une cigarette anglaise. Il regarde la jeune fille au feutre d'homme et aux chaussures d'or. Il vient vers elle lentement. C'est visible, il est intimidé. Il ne sourit pas tout d'abord. Tout d'abord il lui offre une cigarette. Sa main tremble. Il y a cette différence de race, il n'est pas blanc, il doit la sur- monter, c'est pourquoi il tremble” (Pg. 42)
Liset Chavarria : Ici, nous pouvons comprendre que l'homme chinois a peur d'approcher Marguerite parce qu'il n'est pas blanc, il a l'idée qu'elle pourrait peut-être le rejeter ou l'ignorer parce qu'il n'est pas de la même "race" entre guillemets, il l'approche avec beaucoup d'insécurité et essaie d'être gentil avec elle et de montrer qu'il est quelqu'un qu'il n'est pas, pour qu'elle l'accepte.
“Elle est mince, haute, dessinée à l'encre de Chine, une gravure. Les gens s'arrêtent et regardent émerveillés l'élégance de cette étrangère qui passe sans voir. Souveraine. On ne sait jamais d'emblée d'où elle vient. Et puis on se dit qu'elle ne peut venir que d'ailleurs” (Pg. 83)
Liset Chavarria : Lorsque les gens voient une personne différente pour sa couleur de peau, de sa race, de sa tenue vestimentaire, de ses croyances oude sa condition physique, il est normal qu'ils s'arrêtent, qu'ils observent et qu'ils essaient de déduire l'origine de cette personne parce qu'apparemment elle n'a pas les mêmes traits qu'eux, ils osent ainsi juger sans vraiment connaître ou savoir celui qui est.
Valentina : Merci Liset de votre explication. Et bonjour Laura Camila, bienvenue, allez-y, nous vous écoutons.
“Mes frères ne lui adressaient jamais la parole. C'est comme s'il n'était pas visible pour eux, comme s'il n'était pas assez dense pour être perçu, vu, entendu par eux. Cela parce qu'il est à mes pieds, qu'il est posé en principe que je ne l'aime pas, que je suis avec lui pour l'argent, que je ne peux pas l'aimer, que c'est impossible, qu'il pourrait tout supporter de moi sans être jamais au bout de cet amour. Cela, parce que c'est un Chinois, que ce n'est pas un blanc. (Pg. 65)”
Laura Camila : Dans cette citation, nous pouvons voir comment la race affecte sérieusement les personnalités, car les frères rejettent le Chinois à cause de la couleur de sa peau, le rabaissant au point de l'ignorer et de ne pas lui accorder de l’attention comme s'il n'avait aucune valeur, Marguerite pour sa part a laissé entendre qu'elle l’aimait sans donner de l’importance au fait qu’il n'était pas de la même race, bien que ses sentiments soient différents, elle a dû faire semblant à sa famille pour ne pas être jugée, c'est incroyable le traitement donné aux gens pour ne pas ressembler apparemment à eux.
“La directrice a accepté parce que je suis blanche et que, pour la réputation du pensionnat, dans la masse des métisses il faut quelques blanches.” (Pg. 88)
Laura Camila : On peut voir également ici que le pensionnat voulait simplement apparaître comme un bon choix parce qu'il y avait des filles blanches, car cela donnait une bonne impression aux autres. C'était une société pleine d'apparences, parce qu'elle croyait que les Blancs étaient les meilleurs, indépendamment de leur personnalité ou de leurs croyances, et que les personnes métisses, de croyance ou de robe étaient de moindre valeur, jugeant sans vraiment connaître la personne.
Notre opinion sur le livre “L’amant” de Marguerite Duras
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Valentina : En guise de conclusion et d'opinion également pour cette table ronde, nous considérons qu'il s'agit d'un livre très intéressant. Dans cette histoire, Marguerite Duras a partagé ses pensées et ses souvenirs pour montrer les réflexions qu’elle a faites sur ce qu'elle a vécu dans sa jeunesse avec tous les moments difficiles qu'elle a traversés avec sa mère, ses frères, la pauvreté et bien sûr la romance avec l’homme chinois.
Et deuxièmement, Comme mes collègues l'ont montré dans leurs interventions, cette histoire se déroule à un moment culturel et social très différent, où l'on peut voir comment ces questions : le racisme, l'élitisme et le sexisme ont été à leur apogée et dont presque tout le monde et principalement les femmes étaient victimes. Enfin, pendant cette analyse, nous pouvons mettre ces questions (racisme, élitisme et sexisme) sur la table et nous demander, en tant qu'individus et en tant que société, où nous avons progressé et nous demander quel travail il reste à faire pour surmonter ces idéologies de supériorité de certains groupes sociaux.
Valentina : Voilà, nous sommes arrivés à la fin de cette table ronde. Je remercie nos participants d’avoir partagé avec nous leurs points de vue sur ces thématiques : le racisme, l'élitisme et le sexisme dans le livre « L’Amant » de Marguerite Duras. Je vous remercie également de nous avoir accompagné pendant notre table ronde. Merci beaucoup ! Au revoir !


























